AVANT-PROPOS :
Vingt ans après la production en série des premiers Personnal Computers, la littérature dite « grise » des travaux de recherche scientifique consacrée aux Communications Médiées par Ordinateur (C.M.O.) ne cesse de croître. Partiellement diffusée sur Internet, cette littérature est majoritairement rédigée en anglais [1] .
Les problématiques abordées sont transdisciplinaires : c’est ainsi que la linguistique (avec Jacques Anis et Jacques Poitou notamment), la psychosociologie (Storm A. King, Sara Kiesler…), la communication (Nancy Baym, Steve Jones, Guillaume Latzko-Toth, Howard Rheingold, John Suler…) et même l’histoire (Elisabeth Reid) ont investi ce nouveau champ de recherche, sans que l’on puisse pour autant parler d’interdisciplinarité véritable.
Il en résulte une terminologie parfois flottante, par nature technique et composée d’anglicismes. Nous aurons, autant que faire se peut, recours ici à des équivalents français s’ils sont satisfaisants, c’est-à-dire répondant au double critère de la précision et de l’économie. En revanche, les brèves citations extraites de publications anglo-saxonnes seront conservées dans leurs versions originales.
Analyse pragmatique de cyberconversations, cette étude s’inscrit dans un cadre ethnographique, et procède d’une démarche naturaliste.
Objectif : décrire les comportements communicatifs des participants à des discussions textuelles, en temps réel, sur le Web (webchat).
Notre attention ne se portera pas tant sur la structure de la production langagière, que sur ces fonctions : suivant en cela Bourdieu, il ne s’agira pas ici de « … chercher dans la langue ce qui est inscrit dans les relations sociales où elle fonctionne » (Bourdieu, 1993 : 14)
Dans une perspective plus interactionniste que linguistique, nous emprunterons donc à Goffman nombre d’outils du cadre d’analyse des interactions de face à face ; mais aussi à Bange, Kerbrat-Orecchioni, Traverso, ou encore Vion, la terminologie et les modèles des conversationnalistes. Nous interrogerons de même, et pour la seule raison qu’ils nous semblent éclairants, les travaux sur l’expérience groupale de Lipiansky, dans le champ de la psychologie sociale…
La pluralité et la complémentarité de ces différentes approches nous a, en effet, semblé enrichir substantiellement l’analyse, de ce nouveau moyen d’échange que constitue le chat.
Enfin, pour avoir également alimenté nos réflexions tout au long de cette année, que l’ensemble des enseignants-chercheurs de l’U. M. R. 6058 du C. N. R. S. soit ici remercié.
En particulier : J. Simonin et E. Wolff.
